Tout a commencé par une envie de mouvement. J’avais fait l’expérience de peindre par défaut de place sur le dos d’une toile cartonnée. La peinture posée au couteau glissait par à-coups, créant ainsi des taches de plus en plus élancées – créant ainsi une sensation de mouvement.
Sur un fond marron, ces taches pouvaient aussi créer ces illusions du désert, couleurs flottantes dans un voile d’azur altéré par les ondes de chaleur produites lors d’un soleil de plomb.
Je voulais exploiter ce rendu pour créer un personnage de blanc voilé dans un désert et dont les contours seraient fluides, à la limite vaporeux.
Je me lançais dans cette entreprise en prenant à témoin une de mes nièces dont la patience fut mise à l’épreuve. Mon intention première fut assez vite suplantée par la démarche de création. Car, c’est bien là que se situe l’intéret : ce n’est pas le résultat qui compte mais bien la capacité à s’adapter aux limites de sa technique et à composer avec le potentiel qu’offre chaque erreur, chaque imprévu pendant le processus de création. La création se veut résiliante.. avec en moteur principal l’émotion.
J’aurai pu très vite abandonné vu l’inefficacité de mes premiers gestes. Mais j’étais observé.
La cause était perdue pourtant. Le personnage dans le désert était mal fait et insignifiant. Les couches s’ajoutaient les unes sur les autres sans résultat. Mon observatrice a finalement abandonné devant mes errements.
A cet instant, j’ai laché prise.
Ce n’était plus le but qui guidait mes gestes mais mon ressenti devant le rendu de chacun de mes gestes qui me guidait vers un but.
Un but du coup inattendu mais vrai car fruit d’un cheminement personnel.
C’est ainsi qu’est née ma Marianne. Un personnage fantomatique effrayée par la terreur et le sang versé à la cause. Dans l’ombre de laquelle apparait celle qui saura nous réconcilier vers un destin national.
J’aime observer ce tableau. C’est à titre personnel une de mes oeuvres finalement les plus abouties à ce jour.